Archives pour la catégorie Réflexions sur la bande dessinée numérique

Petite histoire des blogsbd français

Pour lire l’intro : introduction
Pour lire l’article précédent : qu’est-ce qu’un blog bd ?

Comme vous l’aviez deviné, je m’intéresse dans cette série d’articles au phénomène des blogsbd francophones, excluant par-là, principalement, le domaine américain qui, pourtant, en est en partie à l’origine. Pour résumer rapidement ce qui se passe aux Etats-Unis, quelques auteurs commencent très tôt à tirer partie des avantages qu’offrent la publication numérique de strips ou d’histoires complètes ; le plus représentatif est sans doute Scott McCloud qui mène depuis 2000 une réflexion sur la bd numérique. Il semble toutefois que le domaine américain soit plus orienté vers des webcomics, et non des blogs bd.
Ce qui se passe en France est différent. Des structures d’accueil et de publication de webcomics français existent depuis les années 2000 (citons par exemple les éditions Lapin, editions.lapin.org/librairie/ ). Mais le boom de la bande dessinée numérique, en terme d’audience et de médiatisation, ne passe pas par les webcomics mais par les blogs bd à partir de 2004-2005. Le blog bd se différencie du webcomic en ce qu’il n’est pas une publication regulière de strips ou de planches mais la page personnelle, plus spontanée, d’un auteur, sur laquelle il peut publier des dessins de nature très diversifiées (strips, planches, croquis, notes, texte…). Le blog bd suppose souvent une plus grande interaction avec le lecteur que le webcomic, l’auteur s’exprimant directement en tant qu’auteur et non par le biais de personnages. En realité, le domaine français mêle habilement les deux formes et beaucoup de blogs bd sont des hybrides : tel auteur profite de son blog pour publier ses planches en cours, tel autre se crée un personnage de fiction en train de tenir un blog (c’est le cas du webcomic Maliki, par le dessinateur Souillon). C’est en partie par les blogs bd que la bande dessinée numérique a vu son essor en France, et c’est ce mouvement que je vais essayer de retracer en quelques étapes.

2003-2004 : les pionniers
Les premiers blogs bd apparaissent en 2003-2004 et sont alors clairement orientés dans une optique de journal du quotidien pour des auteurs débutants mais déjà entrés dans le métier de la bande dessinée, pour qui ce mode d’expression est le plus naturel. Laurel, Mélaka, Cha et Boulet racontent en images de brèves anecdotes sur leur vie de dessinateurs dans des blogs crées de 2003 pour Laurel à 2004 pour Boulet. Martin Vidberg, lui, dessine son quotidien de professeur des écoles dans un blog crée en 2004. D’autres dessinateurs les suivent (Lovely Goretta, Reno, Ak et Maliki ont leur blog en 2004) mais le nombre de blogs bd se limite encore à quelques noms, et, surtout, la forme est encore assez primitive, orientée vers le carnet de notes anecdotique. Cette communauté de blogueurs est encore restreinte, composée de personnes qui se connaissent et collaborent hors des blogs : Laurel, Mélaka et Cha animent ensemble dans Spirou la série 33 rue Carambole et Boulet, dans la même revue, La rubrique scientifique. Reno, un ami de ce dernier, est d’ailleurs en couple avec Mélaka.

2005 : l’explosion
C’est sûrement l’année 2005 qui voit l’explosion du phénomène. D’abord parce que le nombre de blogs augmente et de nouvelles « personnalités » de blogueurs de nos jours considérés comme des références (que ce soit par leur longévité, ou par leur introduction dans le monde de la bd) apparaissent. Quelques noms à titre d’exemple : Miss Gally, Tanxx, Paka, Ced, Lisa Mandel, Allan Barte… Mais surtout, l’année 2005 est l’année Frantico.
Sans doute ai-je tendance à surestimer l’importance de ce blog puisque c’est à travers lui que je suis entré dans le monde des blogs bd… Toutefois, je pense que le mythe formé autour de Frantico, blog tenu entre janvier et octobre 2005 par un anonyme que l’on soupçonne fort être l’auteur Lewis Trondheim a contribué à renouveler la portée des blogs bd et leur médiatisation. En effet, le blog de Frantico provocateur, et donc susceptible de faire parler de lui : rédigé sous la forme d’un blog personnel classique, le héros, Frantico, raconte des anecdotes de sa vie particulièrement médiocre, ses échecs avec les femmes et ses séances de masturbation. L’auteur pousse donc au maximum le caractère voyeur de la formule du blog bd, journal intime qui ne l’est plus vraiment. Les autres blogueurs en activité (Boulet, Mélaka, Capu et Libon) entretiennent le « mystère Frantico », notamment en entretenant la rumeur d’un faux voyage en Corée auquel aurait participé Frantico. La question de l’identité de Frantico médiatise le phénomène des blog bd dans Le Monde, Télérama ou Libération. En novembre 2005, le blog est publié sous forme de livre chez Albin Michel ; il s’agit d’un des premiers blogs bd publiés et il sera suivi par de nombreux autres. A mon sens, les conséquences de l’éphémère blog de Frantico sont réelles : son succès a placé la barre haut pour les autres blogueurs et a fait connaître le phénomène au-delà d’un petit cercle restreint, attirant de nombreux épigones. La publication du blog a sans doute été un gage de reconnaissance du genre du blog bd. Proposant une narration logique et continue et une véritable consistance dans le personnage principal, qui contraste avec l’aspect encore désordonné de certains blogs bd, celui de Frantico relève les ambitions du genre.
L’année 2005, c’est aussi celle de la création du premier Festiblog. Yannick Lejeune, un journaliste de bande dessinée, organise un festival où les blogueurs sont invités à rencontrer leur public au cours de séances de dédicaces, sur le modèle des festivals de bd. Le festiblog cherche justement à marquer sa différence par la gratuité de l’entrée et des dédicaces, puisqu’il n’est pas la peine d’acheter un album (de fait, beaucoup des auteurs présents n’ont pas encore publié d’album). Deux parrains font office de présidents, Boulet et Mélaka pour la première édition. Les organisateurs estiment le nombre de visiteurs à 3000 pour cette première édition, soit un bon succès pour un phénomène encore naissant.

2006-2009 : formation et expansion de la blogosphère
La création du festiblog anticipe sur le phénomène des années suivantes : la formation de ce qu’on appelle généralement la « blogosphère ». Une véritable communauté de dessinateurs se met en place, des liens se créent entre les blogueurs qui sont de plus en plus nombreux et surtout ne sont plus uniquement des dessinateurs professionnels. Plusieurs indices vont vers un poids plus grand des blogs bd sur internet et dans le monde de la bd.
La création en 2006 du site blogsbd.fr par Matt constitue assurément une étape importante : c’est la principale base de données de blogs qui enregistre les mises à jour de plus de 500 blogs. Le site devient bientôt incontournable dans la blogosphère, pour les lecteurs comme pour les blogueurs. Il contribue à créer une conscience de groupe entretenue par d’autres évènements ponctuels.
Voici quelques exemples de ces évènements qui réunissent les blogueurs bd et animent la blogosphère. Des projets collectifs naissent : le blog Chicou-Chicou, faux blog tenu par un groupe d’ami sous la plume de cinq blogueurs (2006), l’opération caritative « Mon beau sapin », à l’initiative de Pénélope Jolicoeur (), les webzines et les plates-forme de publication de bd en ligne sont souvent liés au monde des blogs bd, comme 30joursdebd (2007)… Enfin, d’autres évènements beaucoup plus ponctuels sont des classiques de la sociabilité des blogueurs bd : les IRL (In Real Life), rencontre « en vrai » entre blogueurs et avec les lecteurs, les « squats » où un blog est pris en charge par d’autres blogueurs pendant les vacances du propriétaire…
D’autre part, les blogs bd se rapprochent de plus en plus du monde de la bande dessinée traditionnelle : tremplin pour de jeunes auteurs qui se font connaître grâce à leur blog ( Boulet et Obion reprennent le dessin de la série Donjon en 2007 et 2008 après Lewis Trondheim et Joann Sfar) et assurance d’un succès pour les éditeurs… Les blogueurs bd parviennent à s’intégrer à l’univers de la bd papier, et ce en partie grâce à Lewis Trondheim qui tient lui-même un blog et publie (entre autres) de jeunes blogueurs dans sa collection Shampooing chez Delcourt. Depuis 2006, il n’est ainsi pas rare de voir en librairie des blogs publiés : Le journal d’un remplaçant de Martin Vidberg, Notes de Boulet et Journal intime d’un lémurien de Fabrice Tarrin n’en sont que quelques exemples, justement édités par Delcourt. D’autres maisons d’éditions, comme Warum, cofondé par le blogueur Wandrille en 2004 vont aussi voir (entre autres) du côté des blogueurs bd. Surtout, le blog quitte sa fonction première de simple page d’expression personnelle pour se rapprocher d’un mode d’édition à part entière, privilégié par des auteurs débutants. Des mentions de Copyright et des avertissements d’utilisation des dessins apparaissent au bas des pages de blogs, gage d’une conscience professionnelle (à défaut d’une réalité professionnelle) plus grande. La création en 2009, au sein du festival d’Angoulême, d’un prix « Révélation blog » entretient cette intégration des blogueurs bd au sein de la grande famille des auteurs.

Les blogs bd sont donc devenus, en quelques années, une des formes les plus dynamiques de promotion et de publication de bande dessinée en ligne pour des jeunes auteurs à la recherche de reconnaissance mais aussi pour des auteurs plus confirmés voulant tenter une nouvelle expérience graphique. Le blog bd n’est plus seulement un simple journal intime : il est parfois un véritable exercice de style, un projet graphique important pour un dessinateur. La force du phénomène des blogs bd est sans doute d’être parvenu à proposer des styles et des formes extrêmement différentes, pour les goûts de chaque lecteur, mais aussi de s’être très vite structuré, dès 2005-2006, pour offrir une lisibilité et une visibilité qui n’est pas tout le temps facile à trouver sur internet.

Quelques notes sur l’aventure des blogsbd :
Chez Boulet : /www.bouletcorp.com/blog/index.php?date=20090728
Chez Ronzeau : commedesguilis.blogspot.com/2009/05/hommage-la-blogosphere.html

A suivre dans : les blogs bd face à l’édition papier

Blogsbd partie 1 : Définir un blog bd

Pour lire l’intro : introduction

Pour commencer cette série d’articles, je vais tenter de définir la nature d’un blog bd et surtout la place qu’il tient dans le monde de la bande dessinée française.
Analysons d’abord le nom, « blogsbd », qui contient déjà en grande partie la définition :
Dans la lignée de la floraison des blogs sur le web français à la fin des années 1990 et surtout durant les années 2000, il répond à la définition classique du blog : un site web constitué d’une suite de posts ou notes considérés par son ou ses auteurs comme un espace de libre expression à la façon d’un journal intime. On trouve ainsi généralement sur les blogsbd des anecdotes de vie ou des réflexions personnelles. De même, la possibilité laissée à l’internaute de mettre des commentaires inscrit pleinement le blogbd dans la démarche plus générale du web communautaire des années 2000. En clair, le blogbd prend au blog sa structure. Malgré l’appellation courante de blogbd, ce type de contenu n’a toutefois pas toujours la forme éditoriale d’un blog : il n’est pas systématiquement rattaché à un hebergeur de blog et peut parfois être un véritable site.
Contrairement aux blogs classiques, l’image tient une grande place dans le blogbd, c’est ce qui en fait sa spécificité. L’auteur utilise alors les ressources narratives et les codes d’expression de la bande dessinée (séquentialité, phylactère…) au sein de ses notes, soit en plus du texte mais plus généralement à sa place. Bien souvent, image et texte sont clairement distincts, le texte jouant généralement un rôle purement informatifs où l’auteur auto-commente sa note ou laisse un message à l’internaute. L’usage de l’image est cependant extrêmement fluctuante. Il peut s’agir simplement de présenter le travail de l’auteur, à la façon d’un art book virtuel, ou plus directement de raconter une anecdote sous la forme d’une bande dessinée. Voire de publier un véritable histoire complète, même si l’on parle plutôt dans ce cas de webcomic. Les deux termes sont assez fluctuants, mais le blogbd est le plus souvent un ensemble d’anecdotes et de dessins sans lien entre eux alors que le webcomic a pour ambition de livrer une histoire complète. Ce qui n’empêche pas des blogueurs bd de publier aussi des webcomics !
Les blogueurs, un nouvelle génération d’auteurs ?
Bien que son existence soit encore très récente, le phénomène des blogsbd a déjà laissé des traces dans l’histoire de la bande dessinée française. En effet, les auteurs de blogsbd se conçoivent généralement comme des auteurs de bande dessinée, ou du moins comme des auteurs débutants et beaucoup expriment dans leur blog leur aspiration à percer dans cette voie. On peut situer trois grandes familles de blogueurs… Je n’aime pas forcément les classifications, mais disons que c’est pour la clarté de la démonstration :
1.Les auteurs confirmés déjà sur le marché parfois depuis longtemps qui tentent l’aventure du blog pour enrichir leur champ d’action. Lewis Trondheim est un symbole de cette catégorie. Auteur depuis les années 1990, il a déjà un palmarès prestigieux (co-fondateur de la maison d’édition L’Association en 1990, Grand Prix d’Angoulême en 2006) quand il lance en 2006 le blog « Les petits riens », en marge de son site internet. Mais d’autres auteurs se sont lancés dans le blogbd, comme Maester, Manu Larcenet et Guy Delisle. Il ne faut pas oublier non plus que beaucoup d’auteurs de bande dessinée possèdent soit un site, soit un blog non-bd (comme celui de Sfar) et ne sont donc pas totalement absents de la toile.
2.Les jeunes auteurs et dessinateurs n’ayant réalisé que quelques projets et qui profitent de leur blogbd pour se faire connaître plus largement et pour se soustraire à la contrainte de la commande, se livrant ainsi à des dessins plus personnels. Beaucoup de jeunes dessinateurs ont agrandi leur public grâce à un blogbd et sont connus à la fois comme auteur de BD et comme blogueur. Boulet, Cha, Mélaka et Laurel, tous trois dessinateurs pour Spirou depuis le début des années 2000 sont les plus connus.
3.Les dessinateurs hors de la bande dessinée, les non-professionnels, voire même des jeunes fans de dessins constituent la grande masse des blogueurs bd depuis trois ou quatre ans. Il s’agit dans l’ensemble de personnes n’ayant pas ou très peu percé professionnellement dans le domaine de la BD (certains n’ont d’ailleurs jamais cherché à le faire). Ils voient le blogbd comme une manière de donner libre cours à leur passion du dessin et de la partager. Certains d’entre eux sont d’ailleurs parvenus à publier des albums. Pénélope Jolicoeur et Miss Gally (respectivement « Ma vie est tout à fait fascinante » et « le blog de Gally » sont tout à fait représentatives : jeunes illustratrices, elles ont pénétré le monde de la BD grâce à leur blog.
Du point de vue du monde de la bande dessinée, le phénomène des blogsbd a principalement contribué à lancer une génération de jeunes auteurs âgés de 20 à 35 ans d’une manière complètement inédite et inattendue. Certaines maisons d’édition se montrent particulièrement attentives au monde des blogsbd et accueille des auteurs dont le succès est venu grâce au blog, voire édite leur blog : la collection Shampooing chez Delcourt, dirigée par Lewis Trondheim, les éditions Warum fondé par Wandrille Leroy et Benoît Preteseille, les éditions Jean-Claude Gawsewitch dont la collection BD est dirigée depuis 2009 par Pénélope Bagieu. Ces maisons d’édition sont encore assez rares et les grandes maisons n’ont pas encore intégré l’apparition de cette nouvelle génération, à l’exception de Delcourt, mais ce surtout grâce à Lewis Trondheim.
La bande dessinée comme langage
En tant que moyen d’expression, les blogsbd montrent l’adaptation de la bande dessinée française dans un monde où internet est devenu un espace culturel de référence. En effet, le blogbd implique une lecture renouvelée de la bande dessinée dont la principale conséquence est de confirmer sa qualité de moyen d’expression total indépendant de l’écrit traditionnel. Les auteurs de blogsbd ne se contentent pas de raconter des histoires en images, ils expriment aussi des pensées et des sentiments plus complexes. En cela, ils contribuent à la diffusion du langage bande dessinée (de « l’art séquentiel », pour employer un terme savant) et témoignent de son fort ancrage dans la société française, du moins au sein d’une large génération.
Une autre évolution de taille tient au rapport au lectorat. Les notes ne sont pas des objets édités ni des oeuvres durables mais des billets spontanés ; elles ne sont pas vendues mais gratuites. Le blogueur a donc généralement davantage de liberté puisqu’il est moins soumis au goût du public et aux exigences de l’éditeur. En d’autres termes, le blogbd permet le développement d’une libre bande dessinée qui reste tout de même informelle puisque immatérielle. Cela n’empêche pas que des liens se créent entre le public et le blogueur, mais les visiteurs, qui laissent des commentaires et sont parfois invités à participer à la vie du site (par des concours, des radioblogs ou des boutiques), sont davantage considérés comme un groupe d’amis que comme des acheteurs potentiels. Le blog est souvent l’occasion pour le blogueur d’exprimer sa reconnaissance ou au contraire de réagir directement à un commentaire désobligeant.
Si, la plupart du temps, les blogueurs se contentent de calquer la forme de leur billet sur les codes habituels de la bande dessinée et de ne pas en sortir, certains les détournent et renforcent ainsi la singularité du blogbd. Raphaël B., par exemple, est un adepte des dessins qui utilisent le défilement de la page web dans leur mode de lecture (raphaelb.canalblog.com/archives/2009/04/01/13217890.html ). Il spatialise la page web par le dessin et conçoit un dessin ne pouvant être lu que sur un blog. Il démontre que le blogbd peut réellement apporter quelque chose à la bande dessinée, en plus d’une nouvelle génération : si certains restent des carnets de notes quotidiennes (parfois admirablement dessinée, d’ailleurs), d’autres se présentent comme de véritables projets graphiques aboutis.

A suivre dans : Petite histoire des blogs bd français

Les blogs cités dans cet article :
Lewis Trondheim : http://www.lewistrondheim.com/blog/
Manu Larcenet : http://www.manularcenet.com/blog/
Guy Delisle : http://www.guydelisle.com/WordPress/
Boulet : http://www.bouletcorp.com/blog/
Cha : http://blog.chabd.com/
Mélaka : http://www.melakarnets.com/
Laurel : http://www.bloglaurel.com/coeur/index.php
Pénélope Jolicoeur : http://www.penelope-jolicoeur.com/
Miss Gally : http://missgally.com/blog/

Entrer dans le monde des blogs bd

Cette courte introduction, avant une série d’articles consacrés au mouvement des blogs bd francophones qui s’étend de plus en plus sur la toile depuis 2004-2005, est destiné à ceux qui, égarés ici, ne sont pas forcément familiers avec le concept et cherchent des portes d’entrée vers cet univers étrange. Pour tous ceux qui sont curieux de nature et souhaitent en savoir plus sur les blogs bd, voici quelques moyens de pénétrer dans la blogosphère séquentielle :

Le moyen le plus efficace et rapide est évidemment le site http://blogsbd.fr/ de Matt, en ligne depuis 2006. Il consiste en une base de données de plus de 500 blogs (576 au dernier décompte), avec une sélection dite « Officielle » en page d’accueil qui réduit ce nombre aux 100 blogs incontournables, selon les goûts du webmaster. Les blogs apparaissent au fur et à mesure de la mise à jour des posts, avec un petit aperçu. A partir de ce site, il suffit de papilloner sur les blogs présentés, d’en lire quelques extraits et de se faire une idée. Les blogs bd sont de nature extrêmement variés, tant du point de vue de la structure, du contenu que du style. Vous serez donc peut-être interpellé par tel blog, tandis que tel autre vous répugnera profondément. (je rédigerais en temps utile un article plus complet sur blogsbd.fr, qui reste la meilleure annuaire des blogs francophones).

Si vous avez peur des listes toutes faites, l’autre solution consiste à se rendre sur un blog dont vous avez entendu parler sur tel ou tel média, puis de suivre les liens. Je m’explique. Les blogs bd font parler d’eux et commencent (doucement) à être présents dans les médias. L’un des blogs de Martin Vidberg est hebergé sur la plate-forme du Monde.fr. Le magazine BD en ligne Bodoï publie régulièrement des interviews de blogueurs (http://www.bodoi.info/a-la-une/2009-07-13/best-of-bodoi-les-interviews-des-meilleurs-blogueurs-bd/18735). De nombreux blogs bd sont publiés sous forme papier et ainsi potentiellement mis à la disposition d’un autre public… Ainsi, rendez-vous sur ce blog dont vous avez fortuitement eut connaissance et visiter, grace à la rubrique « liens » (généralement sur un bandeau latéral) les blogs d’autres dessinateurs sensiblement proches dans l’esprit.

Enfin, rien ne vous empêche non plus de faire connaissance avec les blogueurs bd « en vrai » lors de manifestations diverses comme le festiblog, généralement à Paris fin septembre (http://www.festival-blogs-bd.com/), ou comme les nombreux festivals de BD qui parsèment la France le reste de l’année, du célèbre Angoulême (http://www.bdangouleme.com/) à Saint-Malo (http://www.quaidesbulles.com/ ) pour citer les plus connus. C’est aussi l’occasion de voir « in real life » les dessinateurs, de constater qu’ils ne sont pas que blogueurs mais qu’ils ont aussi publié des albums, et de contempler leur travail.

Voilà pour quelques idées introductives avant ma série d’articles. Je chercherai dans ces articles à interpréter les blogs bd comme un objet culturel contemporain qui s’inscrit à la fois dans l’évolution d’internet et dans l’évolution de la bande dessinée. Pour moi, il n’est pas inutile de les considérer comme des espaces de création nouveaux et de leur donner une valeur culturelle malgré leur (fausse) gratuité et leur apparence éphémère. Dans la grande masse de blogs bd médiocres se trouvent des dessinateurs tout à fait talentueux dont le travail mérite d’être mis en valeur. J’espère à la fois inciter les non-lecteurs de blogs bd à s’intéresser à cette facette originale de la création BD mais aussi pousser les lecteurs de blogs à réfléchir sur leur passe-temps préféré, sur son histoire et sur son statut.

Blogs cités dans cet article :

Martin Vidberg : http://vidberg.blog.lemonde.fr/

A suivre dans : Qu’est-ce qu’un blog bd ?