par Caroluseligius
Des roux comme s’il en pleuvait
Du 25 août au 11 septembre 2010, à l’occasion de la sortie du nouvel opus des aventures de Spirou et Fantasio1 (le 51e au compteur) la galerie Daniel Maghen (47 Quai des Grands Augustins à Paris) organise une rétrospective autour des dessinateurs qui ont marqué la série2. Les amateurs apprécieront de voir regroupés des travaux de différents artistes et de différentes natures. Les fanatiques seront ravis de l’opportunité qui leur sera offerte de faire l’acquisition des originaux exposés, à des prix allant de 1000 à 6000 euros. Si l’espace relativement réduit de la galerie ne permet pas le déploiement d’une scénographie savante, et que le but d’une galerie n’est pas d’offrir un support didactique fourni (on peut regretter l’absence de cartels), le visiteur connaissant la série pourra sans difficultés s’y retrouver parmi les différents auteurs exposés. Parmi les œuvres les plus remarquables, qui justifieraient à elles seules le déplacement, on peut citer plusieurs planches et projets de couverture de Fournier, pour certains de ses albums les plus connus comme Le Gri-gri du Niokolo Koba ou Du Cidre pour les étoiles. On peut signaler également quelques planches de Nic pour La Ceinture du grand froid, et surtout de nombreux travaux de Munuera pour L’Homme qui ne voulait pas mourir, Spirou à Tokyo et Aux sources du Z, ce qui permet de redécouvrir et d’apprécier le trait de ce dessinateur dans de belles planches originales
Les grand absents de l’exposition sont Franquin et Janry, ce qui est dommage, mais s’explique peut-être par les prix déjà atteints par leurs planches originales. En revanche, le visiteur pourra voir différents travaux préparatoires du nouvel album de Spirou. Pour se faire la main, il semble que Yoann se soit frotté aux travaux de ses prédécesseurs, en s’inspirant de leur style dans une série de toiles à l’acrylique. L’une représente notamment l’Ankou avec Spirou, Fantasio et Ororoea, une autre le sous-marin du Repaire de la Murène, et la dernière, la plus inventive, Spirou et Fantasio armés de mitraillettes et environnés de tanks, scène reprise du Dictateur et le champignon de Franquin, toute en teintes rouges et noires. Il faut aussi signaler quelques aquarelles de Yoann et Munuera représentant Spirou, Zorglub et le comte de Champignac, qui permettent de comparer le style des deux auteurs. Yoann semble plus proche de la tradition de Franquin, « son » Spirou en ayant la plupart des caractéristiques physiques, notamment les cheveux en bataille (qui avaient tendance à s’aplatir dans les albums de Munuera). Au contraire, Fantasio semble de plus en plus chauve, ce qui est une nouveauté. Un grand nombre de planches et de beaux dessins sont tirés de Spirou à Tokyo, qui avait fait l’objet à sa sortie d’une promotion plus importante que les autres albums de la série.
Au final, que ce soit pour se familiariser avec le nouveau dessinateur de Spirou, ou pour apprécier les travaux de ses prédécesseurs, cette exposition, véritable mise en série comparative de dessins en grande partie inédits, est en tout point passionnante et devrait plaire à tous les fans de la série.
Le 51e album de Spirou
Après Munuera et Morvan, ce sont Yoann et Fabien Vehlmann qui sont en charge de la série, avec un album intitulé Alerte aux Zorkons. Ce tandem avait déjà produit un album hors-série, Les Géants pétrifiés, en 2006, avant d’être choisi pour mener la série-mère. Pour leur premier album « officiel », ils sont revenus à une recette classique et à un style proche de Franquin mais tempéré par la poésie de Fournier (et son engagement écolo qui transparait fortement dans l’histoire). On y retrouve les personnages les plus connus de la série, le comte de Champignac, Zorglub, et toute la population champignacienne, dinosaure compris. Si le scénario n’est pas particulièrement novateur et suit une trame assez simple (projet mystérieux de Zorglub et inventions délirantes à base de champignons qui sauvent la situation), sa grande force est d’être extrêmement imaginatif. La faune et la flore inventées pour les besoins de l’album pourraient presque faire l’objet d’une mini-encyclopédie à elles seules. Surtout, cet album laisse la porte ouverte à un second volet qui s’annonce prometteur (Spirou dans l’espace ?). C’est donc un album à ne pas manquer, avec tous les ingrédients qui ont fait la force des one-shots publiés ces dernières années, mêlant retour au sources, liberté du trait et inventivité du scénario.
Des roux comme s’il en pleuvait
Du 25 août au 11 septembre 2010, à l’occasion de la sortie du nouvel opus des aventures de Spirou et Fantasio (le 51e au compteur) la galerie Daniel Maghen (47 Quai des Grands Augustins, 75006 Paris) organise une rétrospective autour des dessinateurs qui ont marqué la série. Les amateurs apprécieront de voir regroupés des travaux de différents artistes et de différentes natures. Les fanatiques seront ravis de l’opportunité qui leur sera offerte de faire l’acquisition des originaux exposés, à des prix allant de 1000 à 6000 euros. Si l’espace relativement réduit de la galerie ne permet pas le déploiement d’une scénographie savante, et que le but d’une galerie n’est pas d’offrir un support didactique fourni (on peut regretter l’absence de cartels), le visiteur connaissant la série pourra sans difficultés s’y retrouver parmi les différents auteurs exposés. Parmi les œuvres les plus remarquables, qui justifieraient à elles seules le déplacement, on peut citer plusieurs planches et projets de couverture de Fournier, pour certains de ses albums les plus connus comme Le Gri-gri du Niokolo Koba ou Du Cidre pour les étoiles. On peut signaler également quelques planches de Nic pour La Ceinture du grand froid, et surtout de nombreux travaux de Munuera pour L’Homme qui ne voulait pas mourir, Spirou à Tokyo et Aux sources du Z, ce qui permet de redécouvrir et d’apprécier le trait de ce dessinateur dans de belles planches originales
Les grand absents de l’exposition sont Franquin et Janry, ce qui est dommage, mais s’explique peut-être par les prix déjà atteints par leurs planches originales. En revanche, le visiteur pourra voir différents travaux préparatoires du nouvel album de Spirou. Pour se faire la main, il semble que Yoann se soit frotté aux travaux de ses prédécesseurs, en s’inspirant de leur style dans une série de toiles à l’acrylique. L’une représente notamment l’Ankou avec Spirou, Fantasio et Ororoea, une autre le sous-marin du Repaire de la Murène, et la dernière, la plus inventive, Spirou et Fantasio armés de mitraillettes et environnés de tanks, scène reprise du Dictateur et du champignon de Franquin, toute en teintes rouges et noires. Il faut aussi signaler quelques aquarelles de Yoann et Munuera représentant Spirou, Zorglub et le comte de Champignac, qui permettent de comparer le style des deux auteurs. Yoann semble plus proche de la tradition de Franquin, « son » Spirou en ayant la plupart des caractéristiques physiques, notamment les cheveux en bataille (qui avaient tendance à s’aplatir dans les albums de Munuera). Au contraire, Fantasio semble de plus en plus chauve, ce qui est une nouveauté. Un grand nombre de planches et de beaux dessins sont tirés de Spirou à Tokyo, qui avait fait l’objet à sa sortie d’une promotion plus importante que les autres albums de la série.
Au final, que ce soit pour se familiariser avec le nouveau dessinateur de Spirou, ou pour apprécier les travaux de ses prédécesseurs, cette exposition, véritable mise en série comparative de dessins en grande partie inédits, est en tout point passionnante et devrait plaire à tous les fans de la série.
Le 51e album de Spirou : Après Munuera et Morvan, ce sont Yoann et Vehlmann qui sont en charge de la série, avec un album intitulé Alerte aux Zorkhons. Ce tandem avait déjà produit un album hors-série, Les Géants pétrifiés, en 2006, avant d’être choisi pour mener la série-mère. Pour leur premier album « officiel », ils sont revenus à une recette classique et un style proche de Franquin, mais tempéré par la poésie de Fournier (et son engagement écolo qui transparait fortement dans l’histoire). On y retrouve les personnages les plus connus de la série, le comte de Champignac, Zorglub, et toute la population champignacienne, dinosaure compris. Si le scénario n’est pas particulièrement novateur et suit une trame assez simple (projet mystérieux de Zorglub et inventions délirantes à base de champignons qui sauvent la situation), sa grande force est d’être extrêmement imaginatif. La faune et la flore inventées pour les besoins de l’album pourraient presque faire l’objet d’une mini-encyclopédie à elles seules. Surtout, cet album laisse la porte ouverte à un second volet qui s’annonce prometteur (Spirou dans l’espace ?). C’est donc un album à ne pas manquer, avec tous les ingrédients qui ont fait la force des one-shots publiés ces dernières années, mêlant retour au sources, liberté du trait et inventivité du scénario.
1. Fabien Vehlmann et Yoann, Spirou et Fantasio : alerte aux Zorkons, Dupuis, 2010.
2. Exposition Spirou – Fournier, Nic, Munuera, Yoann, du 25 août au 11 septembre 2010.